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Manifeste du Personisme
Sur la ligne 7
Narguilé # 2
Who gave you
the one
you met
if ever
the desire
to stay
the one
you were told
to leave
and so
who made you
that you went
you thought
to do it again
suffer
beside everything
OR
you would give up
lied to you
during all this time
of your life
you'll be glad
stole from you
your life
A quel moment
tu commences
à comprendre
que tout est foutu ?
Quel détail ?
Quel événement ?
Quelle expérience ?
fait déclic ?
A quel moment
tu comprends
que c'est une histoire
qu'on te raconte pas
ou alors
on te la raconte
mais tu l'entends pas
tu la prends pas mal
tu te dis
"j'ai raté un train
je prendrai
le prochain"
mais tu savais pas
personne t'avait dit
tu l'aurais pas cru
que c'était le dernier.
Le dernier train
est passé
sous tes yeux
tu fouilles tes poches
tu grattes ton nez
depuis mars 2011
tu joues à ce jeu
et tu as faim
il te reste
des souvenirs
il ne te reste
rien
tu as un trou
dans la tête
et un poil
dans la main
on t'appelle
par un nom
que tu ne connais pas
et tu réponds
pourquoi
les chats
se lèchent-ils
les pattes ?
Ta voisine t'explique
le sens de la vie
elle a lu
l'histoire du monde
dans un bol
de céréales
mais son savoir
t'aveugle
et tu préfères
échanger tes tongs
contre une ceinture en cuir
et un baudrier
j'ai un cadeau
pour ton bébé
j'ai encore
oublié mes clefs
quand tu sauras
où tu veux aller
je resterai ici
à te regarder
te noyer
aucun bateau
ne traverse
ce gué
J'ai attendu
très longtemps
avant de parler
aux autres
à qui ?
d'abord
j'ai observé
le mouvement
du palais
et de la langue
mais c'était
insuffisant
il faut mesurer
le souffle
connaître l'origine
d'où vient le souffle ?
de la gorge ?
du ventre ?
des poumons ?
des bourses ?
de l'utérus ?
d'en haut ?
d'en bas ?
qu'en dit Aristote ?
J'ai rencontré
un type
qui se souvenait
de tout
ce que je n'avais pas fait
de tous les endroits
où ne n'étais jamais allé
de tous les concerts
que j'avais raté
de tous les gens
que je n'avais pas rencontré
et que je ne connaîtrai jamais
je me disais
mais qu'avais-je
donc fait
toutes ces années ?
où étais-je ?
comment avais-je
pu rater tout ça ?
avais-je tort
de me sentir
diminué
par tous ces
déballages
Tu écrivais
des choses
pleines de sagesse
mais je ne savais pas
les lire
Je ne respirais pas
aux bons endroits
et tout devenait plat
sans relief
comme des idées reçues
mais devant ton cercueil
un ami a lu
des lignes
que tu avais écrites
il les a lues
avec générosité
et j'ai entendu
pour la première fois
cette profondeur
que je t'avais
toujours niée
et j'ai été
transpercé de chagrin
et de regrets
Je n'en peux plus
d'avoir besoin
d'acheter quelque chose
pour être heureux
ça ne marche jamais
d'ailleurs
ou bien
c'est si bref
mais comment faire
pour échapper à
cette malédiction ?
l'imagination ?
Imaginer
c'est réel ?
ou irréel ?
acheter c'est réel ?
vraiment ?
réel comment ?
réel pourquoi ?
réel pour qui ?
et le désir
qui y pousse
il se fonde
sur quelle réalité ?
j'ai attendu
que tout le monde
dorme
pour manger les réglisses
parce que
je voulais
travailler
tard
ha bon ?
tu appelles ça
"travailler" ?
oui
parfaitement
"travailler"
moi je dis
un travail
qui ne nourrit pas
n'est pas un travail
c'est un loisir
une dépense
du prestige
du gaspillage
le contraire
d'un vrai travail
"je dois te quitter"
lui dit-il
elle ne répond rien
elle s'y attendait
maintenant
qu'il le dit
elle réentend
d'une autre façon
ce qu'il lui a dit
déjà
tout le printemps
et tout l'été
et qu'elle n'avait pas voulu
comprendre
elle le connaît pourtant
maintenant elle réalise
qu'il ne parlait pas
à la légère
il va partir
quelque chose d'autre
l'attend
quelqu'un ?
non même pas
c'est fini
je n'ai jamais voulu
repartir
te quitter
une fois encore
pourtant parfois
je me dis
que je n'éprouve
plus rien
pour toi
mais alors
je m'aperçois
que je
n'éprouve plus rien
pour personne
ni pour rien
sauf pour le chocolat
ou la réglisse
alors je reste
je voudrais bien
accrocher
les tableaux
ou bien
détruire
les voitures
Quand je dis non
ce n'est jamais vraiment
non
et
quand je dis
oui
ce n'est jamais catégoriquement
oui
il parait que
l'indécision
est un vice
une tare
une carence
une infirmité
un défaut
une anomalie
qui a dit ça ?
Personne en particulier
c'est connu
c'est tout
c'est un mensonge
ce qui est naturel
c'est
l'incertain
je croyais
que je ne savais pas
écrire
en fait
je ne sais pas
prendre
une décision
c'est mon drame
je suis comme
l'âne de Buridan
je pense un mot
et j'en pense un autre
et je pense leur ordre
et puis un autre
et je ne sais jamais
lequel choisir
Je savais bien avant
de l'avoir vu
à la télévision
qu'il y avait
différents mondes
et qu'il était difficile
sinon impossible
de passer
de l'un
à l'autre
et pour ce qui est
de vivre
dans 2 mondes
à la fois
c'est proscrit
par des lois
que la physique
ignore
ce qui est possible
par contre
c'est de quitter
un monde
pour un autre
mais c'est rare et triste
Le plus fort
n'est pas
d'exprimer sa pensée
c'est déjà fort
quoi qu'on en dise
le plus fort
vraiment
c'est d'exprimer
une pensée
qui appartient
à un autre
voire à plusieurs
le plus drôle
c'est d'être distrait
au point
de ne pas savoir
ne pas reconnaître
quand ça se
ne pas y croire
quand ça
se produit
et se laisser
abuser par
ce qu'on croit
être nous
Tu croyais pouvoir
t'en débarrasser
tirer un trait
ne plus jamais
en entendre parler
tu croyais
pouvoir avancer
sans regarder derrière toi
tu croyais
au cogito
la conscience de soi
la création continue
tu croyais pouvoir
rester enfermé
alors tu as jeté ton cahier
persuadé
ne plus jamais
en avoir besoin
et longtemps après
tu as souffert
du regret
et maintenant chaque fois
que tu dois tourner une page
tu as peur
Je voulais écrire
un roman
aussi beau
aussi fort
aussi grandiose
que ceux
que j'avais aimé
aussi beau
que TOUS
tous ensemble
c'était un roman
impossible
je l'ai écrit
il est très beau
comme un conférence
de Wittgenstein
sur Spinoza
retranscrite
par Joyce
très beau
mais illisible
j'en ai fait
un exemplaire unique
il attend
Où trouver
"Sur la ligne 7" ?