Quand tu marches sur la lune,
personne n’entend la trace de tes pas,
et ceux qui s’en souviendront n’étaient pas là.



Pendant la première biennale du livre d’artiste à Malmö en 2018, au théâtre Victoria,
la scène était réservée aux performances,
mais aucune n'était programmée.
Il suffisait de dire à Anders ”je vais lire un poème à 13 heures, ça va ?”
et Anders disait ”Ok”
mais le plus souvent il ne disait rien parce qu’il était trop occupé.

Il y avait ce Bechstein.
Alors sans prévenir, quand le brouhaha grondait,
j'allais au piano, je posais le téléphone sur le pupitre et
je jouais à la "boîte noire".

J'improvisais des histoires :
celle de la journée qui dure trois jours, celle de la traversée des Alpes,
celle du type qui marche sur la lune à Malmö, celle de la mort de René Descartes.

Il y en a eu 12, enregistrées et envoyées par mail
à autant de participants de la Biennale
qui n'avaient rien demandé.

Tout cela passait inaperçu.

C'était comme marcher sur la lune, où personne n’entend la trace de tes pas.

Pour entendre ces Pianostales tu peux aller à ceux à qui elles ont été envoyées.
Si tu fais ça, oublies ce pour quoi tu es venu.
Entre temps elles se seront perdues.
C’est la politesse de la boîte noire.

Ceux qui ont entendu les cartes pianostales ce jour là ne s’en souviendront pas.
Ceux qui s’en souviendront -s'il y en a- n’étaient pas là.